Plus de sports féminins à la télé ?
Rien n’était moins sûr auparavant, mais la dernière Coupe du Monde de football féminine a été un succès, et pas seulement grâce à la bonne image renvoyée par celle-ci ou aux stades relativement pleins, mais aussi et surtout grâce à un élément bien plus important aux yeux des diffuseurs : l’audimat.
Si les téléspectateurs n’avaient regardé qu’en dilettante cette compétition, alors que celle-ci était organisée en France et 1 an après le sacre mondial des footballeurs masculins, cela aurait pu être un véritable coup d’arrêt dans la volonté des chaînes et du gouvernement de démocratiser le sport féminin. Dommage quand on sait que le sport est pratiqué à un niveau amateur aussi bien par les femmes que les hommes, voir même en couple.
Heureusement donc, les français ont été au rendez-vous devant leur télé, avec un record à plus de 11 millions de téléspectateurs pour le huitième de finale face au Brésil, battant ainsi là certains scores d’audience des matchs des Bleus de Deschamps lors de la Coupe de Monde en Russie. La question est maintenant de savoir si ce succès va perdurer au fil des années à venir ou si celui-ci ne sera qu’un coup d’éclat n’ayant entraîné aucune révolution.
Une progression toute nouvelle
Si l’on regarde d’un point de vue chiffré, l’évolution est en tout cas extrêmement positive lors de ces dernières années, mais il faut dire qu’on partait de très loin. En 2012, seules 7% des retransmissions sportives concernaient du sport féminin, et celles-ci concernaient presque exclusivement le tennis, en dehors des Jeux Olympiques. En 2018, on tournait désormais à un taux oscillant entre 18 et 20%, soit une très nette amélioration dans tous les domaines. Bien sûr, ce chiffre reste encore bien inférieur à celui de l’égalité, d’autant plus que les diffusions de sport féminin, bien qu’existantes grâce à un nombre toujours croissant de chaînes, étaient rarement en prime-time ou sur les grandes chaînes historiques.
Ce constat demeure toujours en cette année 2019, à l’exception du football. Car la Coupe du Monde de rugby masculin, qui va bientôt démarrer, et le Championnat du Monde de basket masculin, qui a commencé, auront les honneurs de France 2 et de Canal +, même si la France n’est pas en tête, dans aucune de ces deux compétitions. Alors que leurs pendants féminins se sont déroulés dans une bien plus grande discrétion audiovisuelle, surtout en ce qui concerne le rugby, car les préjugés sont encore nombreux sur le rugby féminin, alors que tout le monde accepte le fait que le basket, le hand ou le football puissent être joués par des femmes.
Le foot comme précurseur
Mais comme bien souvent, et à l’exception du tennis qui a déjà fait la part belle aux femmes depuis de nombreuses années, c’est le football qui donne l’exemple. Encore très récemment, le match amical entre la France et l’Espagne était diffusé sur M6, avec encore une belle audience à la clé, estimée à 1,2 millions de téléspectateurs. Ce nombre est certes en-dessous des matchs amicaux des hommes, mais il est en hausse de 50% par rapport aux matchs amicaux de l’an passé des Bleues, qui n’étaient alors que diffusés sur W9.
Surtout, la grande innovation de cette année est la diffusion du championnat de France sur les chaînes du groupe Canal, avec en prochain point d’orgue et test très important pour la viabilité de la retransmission de cette compétition, le Trophée des Champions entre Lyon et Paris, deux des toutes meilleures équipes européennes, le 21 septembre prochain sur Canal+, mais à un horaire étonnant de 15 heures. Les matchs réguliers du championnat sont eux visibles sur Canal+ Sport ou Foot+, et donc ne peuvent pour l’instant toucher qu’un faible nombre d’abonnés.
Mais le sport féminin continue sa marche en avant, qui s’est grandement accélérée au cours des 5 dernières années, dans un contexte général de lutte pour l’égalité entre les sexes. Il y a peu, lors des Championnats du Monde de judo, ce sont les femmes qui ont remporté des médailles et fait vibrer les cœurs de supporters tricolores, continuant de prouver le haut niveau des sportives françaises et que celles-ci devraient donc bénéficier d’une visibilité égale à leur talent, nullement inférieur à celui des hommes.